Littérature américaine

La jeune fille à la perle

La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier, 1999

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est 41BlJzQLXNL._SX302_BO1,204,203,200_.jpg

Ça vous dirait de partir à Delft ?
Ça vous dirait de remonter le temps et de vous trouver en 1664 ?
Vous êtes tentés, mais vous hésitez ?
J’ajoute que cet étonnant voyage dans le temps et dans l’espace va vous faire découvrir la vie de Vermeer et que vous allez le voir peindre son célébrissime « La jeune fille à la perle ».
Alors, vous êtes convaincus ?
Venez, embarquez !

Tracy Chevalier a imaginé la genèse du tableau, et nous la raconte à sa façon : l’histoire est fictive mais tellement bien écrite, tellement vivante, que les personnages s’animent sous nos yeux et que tout semble vrai.
Comme elle le fait pour chacun de ses ouvrages, elle s’est extrêmement bien documentée, ce qui rend le fond historique crédible et l’intrigue captivante.
La vie à Delft en 1664 est tellement différente de la nôtre !
Griet, tout juste 16 ans, est contrainte de quitter sa famille dans le besoin pour être placée comme servante chez les Vermeer. Elle n’aura le droit de rentrer chez elle que le dimanche.
Que c’est difficile, si jeune, de vivre loin des siens et de devoir travailler si durement : la maison est grande et les tâches ingrates ne manquent pas.
Sans compter les nombreux enfants du couple, dont Griet doit s’occuper.
Sans compter l’atelier du peintre dont le ménage doit être fait méticuleusement et sans rien déplacer pour ne pas déranger l’artiste.
Sans compter les relations compliquées avec les autres femmes de la maison : l’épouse et la belle-mère, sans oublier une servante en place depuis longtemps et qui marque fermement son territoire.
Les journées sont longues, et non contente de devoir accomplir les nombreux corvées dont on la charge, Griet doit faire preuve de beaucoup de psychologie vis à vis de ces trois femmes à la forte personnalité.
Que tout cela est lourd pour celle qui n’était la veille qu’une enfant insouciante !

Cette lecture a été un pur régal. Un peu comme dans le 22/11/63 de Stephen King, j’ai eu l’impression de traverser une faille spatio-temporelle à chaque fois que je reprenais mon livre. Je quittais mon quotidien de 2020 (Sans regrets !) pour me plonger dans celui de Griet.
J’ai voyagé loin, très loin, et sans remplir d’attestation… comme c’est bon !

Quelle merveilleuse idée que d’avoir imaginé l’histoire d’un tableau ! Celle du personnage peint, celle de l’artiste et celles des deux familles.
La condition des femmes, riches ou pauvres, le quotidien d’un peintre qui a une vie personnelle en dehors de son art, la vie d’une maisonnée et les rapports entre maîtres et servantes, les conventions sociales… que de thèmes passionnants habilement entrecroisés dans ce livre sensible et très bien écrit !
Les romans de Tracy Chevalier sont toujours un peu magiques : ils paraissent si simples et sont pourtant si riches. Quand je les lis, je suis suspendue à la plume de l’auteur comme l’enfant est suspendu à la voix de l’adulte qui lui fait la lecture.
J’aime que l’on me raconte des histoires avec autant de talent, des histoires captivantes, envoutantes.

Merci, merci, Tracy Chevalier pour ce triple voyage dans l’espace, dans le temps, et dans le tableau.
Merci pour toutes les fenêtres que vous ouvrez, pour toutes les idées conscientes et inconscientes que vous suscitez par votre récit.
« La bonne littérature vous sort de vous-même et vous met à la place de personnes dont la vie est totalement différente de la vôtre. Et c’est ainsi que vous découvrez qui vous êtes réellement. » a dit Barack Obama lors d’une récente interview. La jeune fille à la perle fait partie de ces livres marquants qui, en vous plongeant dans un univers complètement différent du vôtre font germer d’intéressantes réflexions. De ces livres qui vous enrichissent.
S’évader, rêver, tout en accroissant ses connaissances et stimulant sa réflexion : qu’y a-t-il de mieux ?

Et avec ça, certains osent dire que les librairies sont des commerces « non indispensables » ?

2 réflexions au sujet de “La jeune fille à la perle”

Laisser un commentaire